Retrouver la confiance

C'est environ officiel : je travaille sur un nouveau livre. Qui n'est pas celui que j'avais prévu de faire à la base. Mais il a pris racine dans moi.
Je me souviens de comment j'ai eu l'idée de travailler sur Stanley : l'histoire de ce petit garçon-monstre a déferlée sur moi en plein milieu de mes révisions de bac d'anglais et j'ai été incapable de penser à autre chose. Il est né au creux de moi et je ne pouvais rien faire d'autre que de vivre avec lui qui se construisait dans ma tête. Mais j'ai mis longtemps avant de me plonger dans son écriture. C'était mon premier livre. J'avais déjà essayé mais ce n'était pas les bonnes histoires.

ça m'a pris 4 ans. Une première version de 207 pages. Une deuxième de 99. Une troisième de 108. Plus de 200 000 mots alignés. 4 ans.
4 ans de torture et des nano et des corrections et des je vais jamais y arriver je suis nul.
4 ans de rien n'est régulier.
4 ans de pages qui coulent toutes seules.
4 ans de mois sans toucher le livres.
4 ans de nuits à écrire.
4 ans de syntaxe torturée - je ne sais pas faire autrement.
4 ans de "mais qui va vouloir lire ce torchon" et de "mais j'ai besoin de l'écrire".

J'ai énormément appris en ces quatre ans d'écriture. Déjà, première chose : que j'étais capable d'écrire un roman. Seconde chose : comment je fonctionnais pour écrire un roman (lentement). Troisième chose : qu'écrire un roman, c'était pas dur. Que la partie difficile c'est de continuer. De persister. De pas attendre l'inspiration parce que ça existe pas. De pas laisser la vie me manger mon étincelle créative.
Qu'en fait si, c'est dur, mais que je peux le faire.
Cinquième chose : que mon style d'écriture, bien qu'encore très hésitant, se forge. Que je peux progresser si je persiste. Que je ne suis pas mauvais. Qu'écrire ça s'apprend, et que si je pars avec une certaine facilité de départ, je ne suis pas voué à rester "pas bon mais pas mauvais".
Sixième chose : que j'ai besoin d'écrire. Partout. Tout le temps.

Et donc ça faisait quatre ans que je vivais avec un roman dans ma tête et que Stanley et toute la clique c'était une partie de ma vie comme une autre.
Une partie qui s'est refermée en douceur.
Et qui m'a laissée un grand vide.
Je n'avais plus de livre à écrire. Je n'avais plus en permanence des gens qui vivaient et grandissaient dans ma tête. Et comme j'étais en burn out à cause de mes études, plus rien ne voulait pousser dans ma tête. Je tournais en boucle sur un drarry de manière obsessionnelle et je voulais me mettre à écrire un roman qui ressemblait à l'écrivain que je voudrais être (mais que je ne suis pas)(et que je ne serais sans doute jamais, ou pas pour le moment, parce que je suis coincé à l'état d'adolescent). Je voulais parler de la maman de Stanley et faire un livre profond et compliqué et qui parle de trucs sociaux et puis je me suis rendu compte que j'étais pas prêt pour ce genre de livre.
Qu'il n'y avait pas assez de moi dedans.
Tous mes écrits sont fondamentalement autocentré et mes personnages sont des bouts de moi-autre éclatés en morceaux.

Et il y a une chose que je n'arrive pas à digérer, tout comme je n'arrivais pas à digérer mon statut d'inhumain à l'époque où Stanley est né dans ma tête, un truc qui s'est passé dans ma vie et dont je ne peux pas parler à des gens. Alors je vais le mettre dans le livre. Parce qu'écrire, c'est mon moyen de digérer ce monde que j'ai du mal à avaler.

J'avoue que mon blocage initial sur ce livre que je voulais écrire - mais il est peut-être trop tôt pour l'écrire - avait pas mal entamé ma confiance en moi. Je me suis demandé si un jour je serais capable d'écrire autre chose que Stanley, des trucs dans l'univers de Stanley, avec une autre forme de Stanley dedans - et la seule vraie réponse c'est que j'en ai aucune idée, mais que de toute façon il faut que je continue à écrire mes trucs, parce que c'est ça qui me garde en vie.

Dans un prochain article, j'essaierait de parler de processus créatif, parce que quelqu'un a qui je tiens m'a posé la question et que ce n'est pas inintéressant - juste compliqué.

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